« La citoyenne sexuelle-cinématographique de Studio D »

Studio D, le défunt laboratoire des femmes de l’Office national du film canadien, est célèbre pour avoir contribué à l’émergence d’une génération de femmes cinéastes engagées dans le cinéma documentaire militant. De 1974 à 1996, Studio D a produit environ 150 films, documentant presque toutes les grandes questions du mouvement des femmes… sauf une : la sexualité. La politique sexuelle du plaisir est largement absente du corpus de Studio D, avec seulement trois documentaires produits autour de cette thématique. Je soutiens que, malgré les prétentions du studio à représenter la citoyenneté internationale des femmes, il a en fait reconduit un sujet-femme infantilisée, devant faire l’objet d’une responsabilisation sexuelle, en lien avec les intérêts nationaux. Il n’est pas surprenant que cette sexualité soit hétéronormée, monogame, et reproductive. Studio D peut être envisagé comme un « espace agoniste » (Mouffe 2007) au sein duquel les pratiques hégémoniques et contre-hégémoniques se sont affrontées pour produire à la fois un consensus répressif au sein du médiactivisme féministe et son refus radical. Une lecture serrée de Not a Love Story (1981), Toward Intimacy (1992) et Forbidden Love (1992) démontre que Studio D était à la fois un défi à la morale nationale et un cadre conventionnel de citoyenneté sexuelle basé sur l’amour, l’intimité et l’eros-spiritualité.

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